Sereirrof

Peintre

Cet artiste est recommandé par le critique Christian Noorbergen.

Découvrez Sereirrof

Présentation de Sereirrof

Biographie de Sereirrof

Une brève histoire hors du temps:

Né en 1947. Etudes de sciences physiques. Chercheur (thésard) au CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), professeur de mathématiques (lycée), assistant du professeur de thermique à l’Ecole Centrale de Paris, agriculteur, instituteur, restaurateur de mosaïques antiques, ingénieur de recherche au Ministère de la Culture.

Et j’en ai oublié.

 

Le travail de Sereirrof

le temps est retrouvé, mais le reste s’est un peu égaré:

Octobre 1998: installation en Dordogne comme peintre (autodidacte).

Et depuis,

Je peins des gens.

Des gens vêtus, des nus, des écorchés vifs, des tortillés, des entortillés, des contorsionnés, des gens à côté de leurs pompes, ou nettement au-dessus de leurs pompes.

Des franchement planants, des qui ne reviendront jamais sur terre, des qui ne font que passer, des toujours absents, des qu’on n’aimerait plus voir, et qu’on aimerait surtout ne pas avoir à table…

Des visages aussi.

Des visages qui en disent long, des visages qui ne vous disent rien, des visages fermés, des visages gênants, des visages gênés. Des qui font la gueule, ou qui se foutent de votre gueule, des visages qui dérangent, ou de ceux que l’on dérange…

Des vrais gens quoi.

Tous tordus, mal foutus, bancals, décalés, mal dans leur peau, mal aux os, mal aux autres…

Des gens comme vous et moi, en quelque sorte.

Mais avec une certaine prédilection pour l’autoportrait, tout de même.

Le mot du Critique d’Art

De la matière noire au marécage charnel

Les non-personnages de Sereirrof sont noyés d’étendue. Ils voyagent en immensité. Vêtus d’espace et de peinture, des frissons de chair vive vibrent dans leur sac de peau, et la matière palpite. L’insondable est leur demeure.

Sereirrof, artiste sans prénom, n’a pas de modèle. Ses êtres relèvent du « on » de l’anonymat du monde. Des êtres de foule. Des sans grade et des sans nom. Nos frères de rien, nos sœurs d’abîme et de misère. Ceux qui se pressent, allant nulle part, immobiles ou frénétiques, dans les îles du parcours communautaire.

Sereirrof n’a que faire des pantins qui s’agitent là-haut, dans les hautes sphères mortifères des grands médias.

« Je n’ai pas de modèle, sauf que je suis souvent mon propre modèle. Je fais parfois de l’acrobatie, avec des assemblages de miroirs pour me voir de dos. Ou, faisant le grand écart, je pars de visages peints par d’autres peintres, de Rembrandt à Sagazan. »

Une chair scabreuse, sensuelle et irradiée

On le sent proche d’Odd nerdrum ou de Jean Rustin, ces deux phares contemporains. « Je suis resté pétrifié après une visite à la Fondation Rustin. Il se dégage quelque chose d’inouï.  Ce qu’on voit est sordide, et ce qu’on ressent est sublime. Dans la peinture, j’aime particulièrement les peintres qui construisent des mondes, comme Le Greco, Paul Klee, ou, à notre époque, Hélène Duclos. Lydie Arickx, elle, creuse au profond de la force primitive des êtres. »

Etrange que Sereirrof n’ait pas toujours été peintre, tant sa peinture respire la haute peinture. Le dessin est d’une rare fluidité, et la matière d’une riche complexité. On dirait de la chair poudreuse, nuageuse, vaguement tumescente, radieuse et irradiée, fantomatique, insidieuse, lactescente, caressante et caressée, mais aussi incandescente, tuméfiée et broyée. Un marais charnel, cendreux et embrasé, où le regard s’abandonne…

« Mes personnages flottent quelque part, comme des particules plus ou moins abandonnées. Un grand vide les sépare. Ils sont là et ailleurs. »

Avant d’être peintre, il fut scientifique, physicien des plasmas au Commissariat à l’Energie Atomique, quand même cette approche touche aux limites de la connaissance, aux abords « de la matière noire et de l’énergie sombre ». De quoi cerner en lui la part transparente et raisonnante de l’esprit. De quoi oser libérer en lui les zones les plus enfouies du mental, celles qui couvent sous le marécage. C’est de là que surgissent les créatures « chargées » de Sereirrof. Des êtres de chute, de gêne de vivre, et d’impossibilité d’exister, de haine et de terreur.

Sereirrof s’est débarrassé de tout décor, de tout trop dit, de tout superflu chromatique. Il décape les corps et la peinture. Il écrase les séductions sommaires du corps narcissique. Mise à nu de la nudité.

« Comment peindre les hommes, corps et âmes, fesses et faces, autrement que nus ? Paradoxalement, les nus sont totalement désincarnés, et ce paradoxe est plein de promesses pour le peintre : réel et imaginaire se confondent… Le nu du peintre est la plus dérangeante des abstractions. »

Christian Noorbergen

Critique d'Art