Manu Rich

Peintre

Cet artiste est recommandé par le critique Christian Noorbergen.

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Présentation de Manu Rich

Biographie de Manu Rich

Graphiste de formation, Manu Rich s’installe dans les années 90 au Danemark où il enseigne le dessin et s’adonne à l’illustration de livre. Prenant goût à la peinture, il éprouve une attraction pour la figure et le geste qui le fait se rapprocher des courants néo-fauves allemands et de la bad painting.

De retour en France, la décennie suivante, sa peinture se réorganise. Ferraillant avec une matière picturale plus complexe, la figure, de plus en plus stylisée se désincarne. « Il se sert de l’abstraction pour substituer une figure à une autre », dit-il. Il puise un effet plastique de l’affrontement entre acrylique et huile. Tantôt épaisse et brillante, fluide et transparente, sa matière picturale est un grimoire dans lequel il imprime des fragments de ciels glauques et menaçants, des éclats de paysages de ruines, des bribes d’évènements, des débris de lieux et de personnes et les particules de poésies qui accaparent son esprit. C’est une peinture du passage, de la traversée entre le mental de l’artiste et son monde extérieur, restitué « à travers le brouillard sonore du quotidien ».

Composées dans un environnement musical, les toiles de Manu Rich font apparaître des paysages fugaces, altérés par la vitesse et le rythme. C’est une abstraction poussée aux confins du paysage!

Sylvie Acheré – Docteur en Histoire de l’Art

Le travail de Manu Rich

Je peins le contre jour. Le soleil et la nuit,

Je peins des rivières, des fleuves, des océans, issus de ma mémoire, comme un flot déferlant, un cri hurlant, continu, parlant de vous, de moi, de notre rapport avec le monde, vu à travers le brouillard sonore de notre quotidien.

Le mot du Critique d’Art

Manu Rich ou les tressaillements de l’étendue

Art de création à l’état brut.Choc rude. Effets d’art somptueux, costauds et saisissants. Art de combat et de combattant. Des taches, des flaques, des nappes, des coulures, des stries et des trouées. D’inarrêtables tensions. On voit des tranchées d’espace et d’intenses coulées d’univers, bloquées à vif sur la toile. Manu Rich est un récalcitrant qui saccage les belles apparences. Qui crée de la profondeur convulsive.Des taches d’infime soleil, d’où jailliraient tous les mondes, flottent dans l’insondable. De souples surfaces d’art, sans fin,se superposent en chromatiques mirages.

Et chez lui, toujours, un espace s’ouvre sur d’autres espaces, et les frontières mentales disparaissent.Icare du dedans, aventurier du dehors, et sans l’influence lointaine d’un Goya inoublié, Manu Rich saisit l’art à la gorge. Il enchante les profondeurs. Des clartés d’outre-monde, ou peut-être d’outre-peinture, traversent à vif des territoires d’intimité. On voit des lumières de grotte intérieure, archaïque et première.

L’univers, chez Manu Rich,semble sans cesse en train de naître. Le chaos règne, et d’éphémères splendeurs transparentes, fragiles et mouvantes, traversent des paysages d’étrangeté, horizontalité et verticalité mêlées. Fusion inouïe de sensuels flux de couleurs, tandis que des fantômes de souvenirs exorcisent le passé. Les guerres d’hier font aussi les guerres du dedans… Mémoires partagées d’humanité blessée, et fenêtres ouvertes sur l’ailleurs des mondes…

L’art de Manu Rich est d’abord nocturne et souterrain, quand même si, parfois, l’initiale suggestion d’un soleil couchant envoûte la toile. Très vite de subtils recouvrements s’installent, des nappes d’espaces pluriels se déploient, et des giclées d’érectiles blancheurs violentent la toile.“J’installe des masses et je laisse le hasard travailler“ dit ce créateur. L’abstraction s’approche, et le vertige croît.La surface des choses est balayée, l’espace tout entier respire, quand naissent des vents de vie saisis dans l’instant de leur vibration… C’est le feu des naissances premières, où l’air se brûle, où se corrode toute surface, où se purifient les signes. En surgit une peinture quasi cosmique, par émergences subtiles sans fin renouvelées.

Les violets de Manu Rich sont charnels et profonds, ses verts disent la nature oubliée, et ses ors trahissent le soleil disparu. Ses transparences absorbent tous les contours. Des poussières d’univers, broyant le vide,incantent l’étendue, et l’étendue tressaille.Des lignes discontinues, aventureuses et fiévreuses, inventent des paysages inconnus, et d’impossibles voyages.

Art de traces d’âme et de flamboiements d’étendue. Art de portes psychiques et de seuils à franchir.Manu Rich embrase desespaces virtuels habités d’allusions plastiques et de secrets vitaux, de surgissements graphiques et de talismans abstraits.Cet art hétérogène et pluriel s’ouvre à la démesure vitale.

L’art vit de ses braises chaudes, et chaque œuvre est une secousse.

 

Christian Noorbergen

Critique d'Art