Mircea Milcovitch

Sculpteur

Cet artiste est recommandé par le critique Francis Parent – Editions Patou.

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Présentation de Mircea Milcovitch

Biographie de Mircea Milcovitch

Né dans une famille de langue et culture russe originaire du sud de l’ancienne Bessarabie, près de la Mer Noire. Fait ses études d’art à Bucarest. Dès le début se consacre entièrement à la peinture. Dans un village isolé sur les contreforts des Carpates, fait de longs séjours de peinture « sur le motif », avec un groupe d’amis. Ils sont considérés ce dernier temps comme l’un des principaux noyaux anticonformistes de rupture avec l’art officiel réaliste socialiste. Venu à Paris en 1968 à l’occasion d’une exposition officielle, choisit l’exil. S’installe dans un petit atelier Rue du Montparnasse et commence à exposer. Reçoit un studio à la Cité des Arts, puis un atelier de la Ville de Paris. Est naturalisé français peu de temps après son arrivée en France.

Pendant les premières années en France, à part la peinture, crée et imprime des estampes. Dès 1970, poussé par l’esprit dépouillé qu’avaient pris ses formes peintes et gravées, commence la sculpture. Pendant de longs séjours en Haute-Savoie, il travaille le schiste noir de Morzine et le marbre. Le choix d’un atelier de sculpteur à la Maison des Artistes de Nogent-sur-Marne en 1974 lui permet de s’y consacrer pleinement. Un peu plus tard, découvre Carrare et son royaume de marbre blanc. Partage actuellement son activité entre Paris, l’atelier installé dans la campagne à l’ouest de la capitale, et des séjours de taille à Carrare, plus précisément à Pietrasanta.

De nombreuses expositions personnelles ont eu lieu dans diverses galeries depuis 1968, à la suite des collaborations avec les Éditions et la Galerie « La Tortue », les éditions « Empreinte » et la Galerie « La Pochade » (Alain Digard). Avec ces galeries, il participe à des Foires Internationales d’Art en Europe et aux États-Unis. La Monnaie de Paris édite et expose à la SAGA en 1990 l’une de ses sculptures. Des expositions personnelles ont eu lieu à l’étranger, avec les Galeries Jan De Maere et Philippe Denys (Bruxelles), Paul Zuta (Wiesbaden), Cegrac à la Corogne (Espagne). D’autres expositions personnelles à Aarhus (Danemark), Caracas (Venezuela). Participe aux expositions de groupe, aux salons, notamment le Salon de la Jeune Sculpture, Grands et Jeunes d’Aujourd’hui, Salon d’Automne.

A réalisé aussi des « bijoux d’artiste » avec lesquels participe au Salon des Métiers d’Art de 1981 au Musée d’Arts Décoratifs. La Monnaie de Paris a édité plusieurs de ces « sculptures portables ». Longue collaboration avec la « Galerie 9 », 9 rue Jacob à Paris.

Ses œuvres se trouvent dans beaucoup de collections privées, en France et à l’étranger, ainsi que dans des collections officielles. La Bibliothèque Nationale conserve une grande collection de ses estampes. Des œuvres sont achetées par l’État français, dont une sculpture se trouve à l’Ambassade de France à Bucarest. Achats  faits par la Ville de Paris, la Préfecture des Hauts de Seine, le Musée de Grenoble. Reçoit en 1977 le Prix Fénéon de l’Académie de Paris (Sorbonne) pour son œuvre sculptée. Prix des Métiers d’Art de Val de Marne en 1986.

Réalise quelques sculptures monumentales pour des Groupes Scolaires à Meaux et Melun, dans la région parisienne. Une série de sculptures est conçue comme poignées de porte pour le siège du Ministère de la Culture Rue Saint Dominique à Paris. Une affiche pour le Ministère de la Qualité de la Vie en 1975. Crée deux sculptures en marbre de Carrare pour le hall de l’Ambassade de Corée auprès des Communautés Européennes, à Bruxelles. En 1991, la Ville de Versailles lui commande une sculpture monumentale pour son nouvel Espace d’Art Contemporain, et lui organise avec cette occasion une grande rétrospective, « Milcovitch – 20 ans de sculpture ». Réalise deux sculptures monumentales en marbre blanc de Carrare pour une collection privée à Sao Paolo, au Brésil, en 2003.

Exposition personnelle de 54 marbres blancs de Carrare (série appelée « Métamorphoses ») en 2004 à la Galerie Sparts, Paris. Rétrospective de sculptures et dessins, portant le nom « Formes et Forces », organisée par la Ville de Boulogne-Billancourt en 2007. Rétrospective « Milcovitch – Formes et Signes » organisée par la ville de Dreux en 2009. Choix de sculptures, peintures et dessins dans l’exposition sur le thème « L’art et l’Oeuf » au Musée de la même ville (2010). Deux sculptures et deux œuvres sur papier entrent au Musée de Dreux en 2012. Six sculptures en marbre et pierre, ainsi qu’une collection complète de ses estampes entrent dans le Musée de l’Exil Roumain, dans la ville de Craiova, en Roumanie, en 2018.

Ayant formé de jeunes artistes dans son atelier, il fut préoccupé par la transmission du « métier » et de l’acquis artistique, ainsi que par la possibilité d’élaboration d’une méthode d’enseignement moderne. Invité dans les années 80 par la ville de Grenoble pour enseigner la sculpture et le dessin à l’École des Beaux-Arts, il expérimente parallèlement un cours de Symbolique de la Forme. Pendant une dizaine d’années consacre un peu de son temps à des cours de sculpture, peinture et dessin au Centre Culturel de Boulogne.

Un court métrage vidéo sur son travail a été réalisé par Nonobstant Production-B.P.L. Paris (1993-1994). Ses publications : « Des Symboles Universels à la Spiritualité Chrétienne », Éditions Retz, Paris, 1991. « Le Combat Spirituel au XXe siècle » dans « Hybris », Éditions L’Age d’Homme, Paris-Lausanne 2002. « Journal d’Exil », Éditions Amalthée 2012. « Le Grand Mystère », essai d’anthropologie biblique, paraît aux Editions Romaines en 2013. Une émission lui a été consacrée à la télévision sur France 2 (Orthodoxie) le 28 février 2016.  Membre de la Société des Gens des Lettres.

 

Le travail de Mircea Milcovitch

QUI SUIS-JE ?

Pour savoir ce qu’est un artiste, plutôt qui il est, il faut voir d’abord ce qu’il fait, son oeuvre. Cela s’applique aussi à moi. Je ne suis pas uniquement le créateur-exécutant de ces images, de ces sculptures en pierre et marbre, mais aussi la cause de leurs formes, de la rigueur de leurs courbes, de leur style épuré, de la tenue des volumes bien tendus, de l’attrait esthétique des surfaces lisses et polies. C’est moi qui porte la responsabilité de toutes ces silhouettes, ces signes – personnages destinés à mener un dialogue avec l’esprit de l’homme en quête de beauté. Qu’il se fasse avec ou sans moi, je suis responsable de leur intégration dans le mouvement artistique du siècle.

Puisque l’œuvre de l’artiste est d’abord inscrite dans le contexte social et historique, ces choix se font dans le cadre d’un dialogue secret et ininterrompu avec les prédécesseurs, avec le passé substantiel, mais aussi formel, où le temps historique rencontre effectivement celui de la créativité, de l’acte-même de création.

SOURCES ET VISION

On sait que l’art à deux sources : l’une se trouve dans les formes de la nature, l’autre se trouve dans l’art lui-même, et cette source est activée lors du processus même de création. À l’époque où je visitais assidûment les musées, je me demandais selon quelle loi se perpétuait le langage commun des formes, transgressant les barrières du temps et de l’espace, selon quelle loi se perpétuaient les visions formelles produisant des résultats souvent identiques dans des lieux et civilisations éloignés ? J’ai cru trouver une réponse dans la recherche de la « forme pure », réduite d’après cette loi cosmique d’économie qui « tend » les formes et les surfaces, tout en permettant de sublimes complications, c’est-à-dire ne réduisant pas tout à la sphère et au cube, au cercle et au carré. Je sortais ainsi d’une importante impasse.

C’était pendant une courte, mais très forte époque de ma vie, où s’est formée ma propre vision d’artiste. Elle m’avait prouvé ce que j’avais souvent pressenti auparavant, c’est-à-dire que la réalité avait deux faces, une apparente, soumise à la perception commune des sens, et une autre subtile, indéterminable, source de visions et d’interprétations artistiques. C’est elle qui nourrit l’esprit de création, les formes peuplant le monde créé par l’artiste. Ce ne sont pas deux réalités, mais deux faces de la même réalité.

Il fallait donc créer des formes qui n’avaient pas encore existé, tout en laissant l’impression qu’elles existent déjà depuis longtemps. Tirer ses sources à partir du monde visible, les filtrer à travers l’acquis culturel et artistique et les faire fructifier dans la « subjectivité ». Triple travail, résumant pour l’artiste cette recherche de soi-même dont on parle tant.

Un an après mon arrivée en Occident, des formes simples, symétriques, immobiles, mais profondes et rayonnantes apparaissaient sur mes peintures. Comme si une seule forme s’était multipliée, divisée, diversifiée, devenant multiple, résultant d’une interaction de forces invisibles. Tout cela préparait en fait le chemin pour qu’en 1972 apparaisse ma première sculpture. Une pierre noire, compacte, le volume symétrique tendu et soigneusement poli, un genre d’objet tombé du ciel, un météorite vitrifié d’une manière inhabituelle, sans la moindre imperfection. Toucher un objet dont la forme est pure, sentir son mouvement intérieur inscrit dans des courbes parfaitement tendues, c’était une grande joie. C’était aussi la joie de percevoir l’idée derrière la forme, même si cette « idée » demeurait inexprimable par des mots. Il fallait « matérialiser » ces formes.

Mes sculptures sont des signes, mais elles sont aussi des personnages. Le degré d’allusion « anthropomorphique » a varié selon les époques. Une forme élancée comme une silhouette, compacte et polie, a toujours été pour moi l’image allégorique de la « forme de l’âme », de ce que l’on peut imaginer comme forme possible de l’âme.

Le mot des Editions Patou

Dans le marbre blanc, les formes de Mircea Milcovitch s’éveillent, s’étirent et s’élongent avec pureté, sobriété et noblesse. Modernité et références antiques se marient pour créer des formes anthropomorphes rêvées, comme sorties d’un songe, à la frontière de l’abstraction. Entre tradition et modernité, suivant les pas d’une Victoire de Samotrace et d’un Brancusi, Mircea forge son propre style avec force et douceur.