Nanna Johanson-Quillin

Peintre Cette artiste est recommandée par le critique Christian Noorbergen

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Présentation de Nanna Johanson-Quillin

Le travail de Nanna Johanson-Quillin

D’abord il n’y a rien que cette pulsation, cette spirale noir sur noir. La pensée n’a pas encore pris forme parce que pas encore née. C’est le vide; plein de potentiel, c’est la conscience, la vie, qui lorsqu’elle s’exprime, se véhicule à travers l’eau dont le pinceau est gorgé, plus ou moins.

C’est un acte d’attention pleine et de concentration dans « le peindre », où seule, l’intention pure réverbère dans l’eau, enlace les pigments avec l’or et donne forme. Quelques allusions à nos illusions de ce que nous croyons être,  scintillent, et l’on oublie la source qui ici transparaît au rythme de ce cœur qui bat, qui pulse sans début, sans fin.

Nous appelons cela voir.

Nanna Johanson-Quillin. 2017.

Le mot du Critique d’Art

Nanna Johanson-Quillin

ou les tressaillements de la lumière

 

L’or repose sur les noirceurs, l’opacité couve sous les ors. Qui connaît leur apogée respective ? Peut-être Nanna Johanson-Quillin, qui œuvre dans les marges et la fragilité. Elle effleure les choses du corps. Elle étreint les lointains. Elle nage au profond des plus grandes distances, quand le presque rien distille les voies de l’essentiel. Peinture d’avant-message. Intime calligraphie d’étendue, aux extrêmes voilés de la fluidité.

De l’ombre à l’or, infinis sont les passages en ce pays d’art. Envoûtées, sensuelles et solidaires, ses îles d’or et d’ombre se partagent l’étendue, et font trames et textures d’univers, en rythme lent, en respiration secrète, en tressaillements de lumière. Et seules les traces perdurent. L’aigu du monde a disparu, et la brutalité, comme le sang, s’est retirée.

Nanna Johanson-Quillin ne cesse de creuser les thèmes de ses partitions méditatives. La rigueur des séries repousse plus loin le refus des fausses transparences. Dans le miroir sans fond et sans tain de sa peinture, la rationalité n’ose plus faire surface… Dans l’absence d’échelle, microcosme et macrocosme s’indistinguent.

Dénuement consenti dans le sacrifice du vouloir-dire. Tout se passe comme si l’impensable pressenti ouvrait dans l’espace achevé un interstice infime où le réel se laisse déborder et emporter. Métaphore vitale où se joue le dépassement du sens fatigué et ancien. Libres de masse et de pesanteur, des taches brossées s’aventurent dans l’ombre absolue, en rêveuses traces d’immensité. On voit surgir de frêles clartés éphémères, et d’inlassables empreintes mentales.

Nanna Johanson-Quillin voyage dans l’humide poussière des signes. L’instant unique est sa durée, et le trop-dit n’est pas son fort. Elle jubile, et fait jubiler, dans l’ineffable et l’humilité. Chez elle, tous les mondes n’en font qu’un, et l’être transparaît dans les plus ténues transparences. Chaque œuvre, en sa magique complexité décantée, accueille les fragments éclatés d’un langage indéfiniment ouvert. Chaque œuvre enferme en elle-même une infinité de possibles. Au creux de cette ascèse picturale, Nanna Johanson-Quillin ignore la pesanteur et la provocation chromatique. Elle utilise plutôt, comme dans les musiques d’Asie, toutes les modulations d’une valeur, comme autant de variations creusant la totalité d’un son. En traces légères et fouillées, la rareté de ses non-couleurs envoûte l’espace. Alphabet d’essentialité nue.

La transparence et l’opacité, constamment, se mêlent et s’entremêlent, à la limite du dicible et du mystère. Le vide et l’eau respirent ensemble. Partout, le féminin de l’eau circule, entraîne les pigments diffus, et adoucit les affrontements formels de ces œuvres finement allusives. Nanna Johanson-Quillin étire à l’infini de subtils pans de matière peinte. Ces minces falaises de peau et de couleur n’évoquent pas le monde, elles le remplacent. Elles verticalisent l’étendue.

Sous le visible insidieux de cet espace primordial, une invisible machine à vibrations, porteuse d’énergie latente, fait battre le cœur de l’étendue.

Et l’œuvre éblouit les profondeurs.

Christian Noorbergen

Christian Noorbergen

Critique d'Art