Sylvie Cairon

Peintre

Cette artiste est recommandée par la critique d’art Jeanine Rivais.

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Présentation de Sylvie Cairon

Biographie de Sylvie Cairon

L’unique évidence de mon enfance parisienne fut que je serais, nonobstant les aléas de la vie, artiste et rien d’autre. Sans attendre la réalisation de ce rêve, commença alors, simultanément à mon activité professionnelle, un ballet incessant d’activités artistiques : piano, violon, danse, théâtre et art plastique.

En 2003, ma rencontre avec l’artiste expressionniste Ben-Ami Koller va bouleverser ma vie. L’année suivante, encouragée par Ben-Ami, je quittais mon emploi d’inspectrice des impôts pour peindre. A partir de 2009, mes rendez-vous avec les artistes Daniel Lacomme et Thibaut de Reimpré me transportent dans le royaume de la peinture abstraite. Le rythme et la gestuelle deviennent essentiels dans ma démarche et participent à l’impulsion abstraite donnée à mes créations expressionnistes. Je travaille alors beaucoup sur le mouvement avec une danseuse contemporaine formée à l’école allemande Folkwang Universität der Künste berceau de la danse expressionniste puis du Tanztheater en lien étroit avec Pina Bausch et son univers artistique : Céline Gayon. Une grande complicité axée sur la recherche s’installe entre nous et nourrit mon travail. Mon incertitude et ma remise en cause quotidiennes sont le ferment de ma créativité. J’aime me lancer des challenges, sortir de ma zone de confort et tenter des expériences.

Le travail de Sylvie Cairon

L’être humain restera toujours au cœur de mes préoccupations. La mort, l’homme traversé par la souffrance et les blessures « assassines » de l’âme me bouleversent et me révoltent. Pour moi, la mort est une pression pour peindre dans l’urgence des œuvres intenses pour transmettre mes inquiétudes et mon indignation face au drame de la condition humaine. Mon incapacité à communiquer avec les morts m’a conduite à m’interroger sur l’identité et le devoir de mémoire.

Travailler sur les identités c’est aussi s’intéresser au passé comme élément de construction de l’avenir.

Ainsi, mes figures, tels des spectres vivants surgissant de leurs linceuls, sont debout, figées, solennelles, secrètes et cependant présentes. Elles nous parlent de l’humain et nous permettent de garder le contact avec les forces archaïques du psychisme profond. Toutes, en quête d’identité, s’exclament dans un tumultueux silence. Elles implorent notre attention sur la nécessité du devoir de mémoire. Si notre histoire commence avant nous, cet autrefois n’est pas éteint, il est inscrit en nous et n’en finit pas d’avoir des choses à nous confier malgré l’oubli, les non-dits et l’impossible à dire.

Face à mes toiles, j’imagine que le spectateur se sente seul et immergé. J’espère, ainsi, l’inciter à percevoir les mystères qui n’appartiennent qu’à lui.

“En dehors de l’aventure humaine, nous ne sommes rien. – Amin Maalouf ”

Le mot du Critique d’Art

SYLVIE CAIRON… JUSQU’AU BOUT DE SES REVES ?

Les rêves de Sylvie Cairon ? Peindre. Ses atouts ? Sa curiosité, son insoumission, son refus de la résignation, sa capacité à faire face, observer, chercher… Et puis, le fait d’être rebelle qui lui a permis toujours de se déterminer par rapport à soi ; proposer des « récits de vie » qui sont autant d’étapes de son autobiographie. Ainsi, se jetant de tout son être dans chaque nouvel « épisode » avec la volonté absolue d’être authentique, déverse-t-elle ses questionnements en des œuvres situées entre l’amour et la mort, le rire et le cri, la souffrance et l’émerveillement, la réalité et le rêve..

Partant de formes ou de taches de peinture sur une toile ; toujours allant « vers » la couleur ; superposant des bleus chauds et des bleus froids ; jouant des matités et des brillances de rouges rubis sur des plages abstraites,  elle intensifie la perception et la représentation de la scansion picturale. Générant ainsi des fonds tout en vibration, à la fois rigoureux et sensuels.

S’engageant en grande partie inconsciemment en une aventure d’expérimentations et de tâtonnements, d’avancées et de reculs. Jusqu’au moment où, ayant foui la matière au fil des années, son « dit » sublimé, transféré sur la toile, elle a été confrontée à une forme d’évidence : les grands personnages auxquels elle est parvenue sont enfin en émergence, puisque, derrière eux, entre la gangue des fonds longuement peaufinés et le corps, a surgi l’ombre. Et c’est elle qui est colorée ! Elle qui assure l’équilibre du tableau, crée une vie entre le fond non signifiant, lourd de matière, absolument abstrait, quasi-monochrome, et l’individu qu’elle fait ressortir. C’est cette ombre qui génère le relief sur lequel se détache l’homme –toujours l’homme- qui semble enchâssé dans un écrin de glaise hermétiquement clos : Visage à la bouche grande ouverte, tourné vers cette ombre. Tantôt sexué, il est représenté à longs traits rudes, voire brutaux, du pinceau, du couteau ou de la main. Tantôt asexué, ils est longuement passé, repassé, comme caressé…

Ainsi, au gré de son humeur peut-être, de ses interrogations assurément, Sylvie Cairon chemine-t-elle dans sa démarche tellement grave, au long de ces œuvres lourdement psychologiques. L’emmènent-elles au bout de ses rêves ? Qui sait ?

Jeanine Rivais

Critique d'Art