Sylvie Testamarck

Dessinatrice

Cet artiste est recommandé par le critique Christian Noorbergen.

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Présentation de Sylvie Testamarck

Biographie de Sylvie Testamarck

 Enfance et adolescence voyageuse. En 1984, obtiens le diplôme des Beaux-Arts de Paris, section sculpture. Vis au Venezuela de 1984 à 1989, y travaille et y expose. Me consacre à la sculpture jusqu’à mon retour en France, en 1992, date à laquelle j’abandonne définitivement cet outil d’expression au profit du dessin.

Nombreuses expositions au Venezuela et en France.

Parallèlement à mon œuvre personnelle, suis également conférencière et professeur d’histoire de l’art à l’Université Populaire Averroès de Bondy.

Le travail de Sylvie Testamarck

Mes premiers dessins, chaotiques et volontiers baroques, ont d’abord investis toute la surface du papier (Série «Morts et merveilles»). Après le tumulte graphique de cette première série, s’est déclinée la rigueur méthodique de la suivante (série «Hommes en stock »). Parce que je crois à la vocation talismanique de l’art, j’ai par la suite dessiné des totems, des stèles et toutes sortes de boucliers dans lesquels on retrouve le dessin des matériaux que j’affectionnais lorsque j’étais sculpteur : cordes, fils, tissus (série «Totems»).

La série «Iris latifolia » débute fin 2010. Elle est un commencement, sinon dans la technique, du moins dans l’esprit qui anime cet ensemble de 19 dessins. Le spectacle des jardins parcourus sans relâche allié à l’étude des œuvres de la peinture et poésie chinoise et japonaise des siècles antérieurs a formé le terrain particulier sur lequel s’est développée celle-ci. La série «Rappelez-vous» commence en 2015 et se poursuit toujours. Le vide dans la composition y acquiert une importance nouvelle et l’anatomique continue de dominer sur ce qui demeurede végétal.

C’est un travail du minuscule décliné toutefois sur de grands formats. Dans cette tentative de traquer la forme au plus intime du papier, j’ai  souvent  eu l’envie de dessiner en utilisant une loupe afin qu’au-delà de l’immédiatement visible, le crayon puisse poursuivre, comme à l’infini, son cheminement obstiné. Mes dessins gagnent donc à être regarder lentement.

Je n’ai aucune idée préconçue, j’ignore ou je vais et c’est tant mieux : il me faut ce côté prospectif, cette dimension de la surprise.

Nul message dans mes dessins, nul militantisme. Je recherche juste la justesse : le trait et la tonalité exacte tels que je sens intimement qu’ils doivent être. Cette quête (insensée ?) justifie tout.

Le mot du Critique d’Art

Sylvie Testamarck ou l’intranudité

Sylvie Testamarck ouvre à vif les étaux du corps, fouillés, faillés, barbares, et évidés de tous les dehors. Ses dessins de désir auscultent le réel, et s’abandonnent aux puissances sacrilèges. Quelque chose d’interdit sidère à vif ces profonds désordres graphiques, érotisés, prodigieux et transgressifs. Elle fouille des zones graphiques insensées, implacables etmaculées.

L’art aigu de Sylvie Testamarck, subtilement scabreux, revient sans cesse aux commencements des corps, aux creux souterrains de l’éternelle étreinte. En transe de vie fluide et tonique, où le dessin juste, insidieux et fin, serait le point d’appui d’un sexe infini, épars, innombrable et volatile. Sylvie Testamack n’écarte pas ses obsessions, elle les affronte durement. Elle invente à tout-va des semblances de chair tronquée et des organes aux allures de fleur ou d’insecte. Les fluides de l’art et du corps ne cessent de s’écouler.

Sylvie Testamarck dit l’énigme des organes à la traversée des corps. Elle dessine de l’intérieur les abîmes de la chair, son cérémonial secret, ses avancées, ses ténèbres, et ses incongruités. Elle dissèque les vaisseaux subtils des corps d’intime mémoire, et leurs fantomatiques mouvements d’errance inventive. Tentatives inouïes et instables de fuir l’incarcération charnelle. Chaque dessin, d’une minutie qui évide, invente des hybrides, des sans-formes, des allusifs, et des inextricables. Organes obscènes et hors-scène, cicatriciels et convulsifs, îles charnelles rêvées et dérêvées…

Sylvie crée sous la surface, et les éléments perturbateurs deviennent la trame même de son processus agissant. Les tremblements du geste, les hésitations chromatiques, les immédiatetés de hasard et la précarité du tracé, sont autant de passages à l’acte créatif, exigeants et possédés, qui fondent la matière première de cette œuvre plus nue que nue.

Christian Noorbergen

Critique d'Art